Envie d'une lecture au coin du feu ? J'ai la...
Lire l'articleLes agences de voyages locales affirment que le circuit convient à presque tout le monde, alors oui c’est vrai mais si cette ascension ne comporte aucune particularité technique, elle nécessite toutefois un minimum de condition physique, sans quoi, vous monterez assurément, …mais lentement… voir très lentement … en souffrant… et beaucoup pour ceux qui ne font jamais d’activité physique. Sportive depuis toujours, je suis montée sans trop de difficulté scotchée au guide mais j’ai entendu d’autres versions où les personnes ont dû faire preuve d’un mental d’acier pour aller au bout. Le but étant de profiter au maximum, je vous invite à faire quelques randonnées pour vous préparer à cette excursion. Quant aux blogs qui décrivent une aventure digne d’un GI, n’exagérons rien. A les écouter, ce sont des survivors. Lol ! Je suis fière de mon ascension mais elle n’a pas fait de moi l’exploratrice du siècle. “Ne poussons pas Mémé dans les orties”.
J’encourage donc tout à chacun à la faire car croyez-moi, le cadeau à l’arrivée vaut tous les efforts du monde tant il est énorme. Pour ma part, j’ai plané pendant des jours. Aujourd’hui encore, je le clame haut et fort, ce fut une des expériences les plus fortes de ma vie. Vos efforts seront récompensés par des vues panoramiques, un coucher de soleil exceptionnel digne de carte postale, des éruptions du Fuego toutes les 15-20 mins et un lever du jour féérique. Alors à la question : je peux le faire ou pas ? La réponse est oui, bien sûr, foncez ! Vous allez y arriver.
Il est fortement conseillé de partir avec un guide car le chemin comporte peu d’indications. Un groupe de 6 s’est perdu il y a peu et est mort de froid là haut. A vous de voir …
3 agences ressortent du lot: Wicho and Charli, Soy tours et CA Travellers. Après sondage auprès des voyageurs et amis autour de moi, j’ai finalement choisi Soy Tours qui m’a vraiment comblée.
Prix: 450 QTZ qui comprend:
N’oubliez pas qu’en haut, il fait (très) froid. Alors même si vous avez du mal à croire, au départ d’Antigua, que vous allez vous geler une fois au sommet, faites-moi confiance à ce sujet : il caille. Partez du principe qu’il fera au sommet entre 0 et -10 degrés la nuit et le matin …
En résumé, votre sac à dos pèsera entre 9 et 10 kgs.
Comme prévu, le van est venu me récupérer vers 7h30. A l’intérieur est présente une dizaine de personnes déjà en pleine discussion. Nous partons vivre ensemble une aventure extraordinaire alors forcément, nous sommes tout excités. Une heure de route nous amène au bureau de Soy Tours situé juste à coté du départ de l’ascension. Pratique ! Des femmes s’affairent à préparer les repas et les affaires pour le groupe. Tous en cercle, on écoute quelques explications sur la marche à suivre. Un couple un peu en retrait m’observe. Je peux lire dans leur regard “mais la pauvraille n’a rien, elle va monter comme ça ?” Je suis venue avec ce que j’ai, soit un legging, un tee-shirt, une veste chaude et mes baskets de running. Je voyage que dans les pays chauds alors évidemment, je n’ai aucune affaire d’hiver dans mes bagages. Je fais confiance à l’agence pour me fournir tout ce dont j’ai besoin car j’ai bien posé les questions sur le matériel fourni avant de venir. Pas folle la guêpe! Je redoute le froid comme personne car on peut dire que ma composition sanguine me conditionne plus à traverser le désert à dos de chameaux qu’à parcourir la banquise 😂. On s’engouffre ensuite dans une grande pièce pleine de vêtements chauds en tout genre. Chacun fait son marché. Je peine et j’angoisse un peu coté pantalon car la plupart sont trop petits ou bien trop larges. Après maintes essais, je trouve enfin mon bonheur. Distribution du lunch que l’on met dans notre sac à dos, qui d’ailleurs m’est prêté gracieusement par l’agence. Prêts pour le départ, une femme propose à la location pour 5 qtz des bâtons de marche. Ohhhhh mais en voilà une bonne idée ! Mon conseil: alors surtout prenez en un !!! Perso, ce fut le meilleur investissement de ma vie, mon meilleur ami de tout le voyage. Il vous aidera à la montée mais encore bien plus à la descente.
9h30: c’est parti. Peu à peu les champs de maïs cèdent la place à la forêt. Sur le chemin il n’y a pas de panneaux et encore moins de toilettes. Nous croisons de nombreux groupes guidés qui redescendent de leur excursion faite la veille. On peut lire la fatigue sur leur visage, certains sont au bout de leur vie. Moi j’ai le sourire jusqu’aux oreilles. Il fait beau, il fait chaud et je suis bien décidée à réussir l’ascension. Je leur pose des questions vite fait, ils me disent qu’il y avait beaucoup de nuages, que la 2ème ascension vers le Fuego soit 5h de marche aller retour ne leur a pas permis de voir quoi que ce soit car il était plongé dans les nuages. C’est bon à savoir ! Nous reprenons notre montée, qui s’accompagne de pauses régulières pour récupérer et d’un déjeuner de 45 mins.
15h30: à 3 600 mètres d’altitude, Le Fuego émerge. Déjà là, le spectacle est saisissant. Il rugit et crache sa lave accompagné d’un nuages de cendres. La joie prend le dessus sur la fatigue pour achever le chemin restant. Puis, apparaît notre campement; c’est la libération, l’enchantement, le bonheur dans tous ses états. Distribution des tentes, je dors avec Gwendoline. La pauvre a souffert du mal d’altitude une bonne partie de l’ascension, elle a galéré. Tout le monde s’affale, en pamoison sur le Fuego. Les photos et les commentaires fusent. Le groupe est aux anges. Les guides s’attèlent au feu, laissent passer une trentaine de minutes. Ils nous proposent alors d’effectuer la 2ème ascension qui mène sur le Fuego. Il faut compter 5 heures en moyenne pour l’aller retour dans des conditions rudes. Grosse concertation entre nous, j’avoue avoir vraiment hésité. Mais je ne veux pas rater le coucher de soleil qui s’annonce prometteur au vu des conditions météorologiques. Le ciel est vraiment dégagé. 5h, ce n’est pas rien dans un tas de graviers ou s’enfoncent les pieds. Sachant qu’il faut encore grimper à 4h du matin pour le lever du soleil, le calcul est vite fait finalement. Je préfère garder mon énergie pour le lever du jour. Bilan des courses : personne ne souhaite poursuivre. Nous sommes suffisamment comblés comme ça. Et je peux vous dire que je ne regrette pas.
Le coucher de soleil est dingue. Je décolle de la planète. La nuit apparaissant transforme les éruptions grises du Fuego en larmes rougeâtres sur ses flancs. On entend des ohhhh et des ahhhh à chacune d’elle. Le dîner se fait dans un enchantement indicible, le repas est copieux et savoureux. J’observe ce pot en fer sur le feu en me demandant s’ils nous concoctent un café ou autre chose. A ma grande surprise, je vois un des guides plonger à l’intérieur 2 grosses tablettes de chocolat. Oh pétard ! Du chocolat chaud. Tels des enfants, nous nous ruons dessus. Hum! La plénitude ! Il nous fait oublier un instant le froid qui s’installe. Mais les guides n’en ont pas fini avec nous, ils nous ont réservé une 2ème surprise: une grosse bouteille de Quetzalteca à l’orange (digestif assez fort à base d’alcool de sucre de canne). Entre 2 éruptions, va pour un petit verre. Mais la fatigue se fait sentir, les uns après les autres, on part se coucher. 21h30, tout le monde est au dodo. Dans ma tente, j’entends le souffle du Fuego, c’est comme un battement de cœur puissant. J’écoute le cœur de la Terre ébahie d’une telle puissance. Le Fuego crache toute la nuit ses tonnes de lave et de cendres. Il accompagne nos rêves de ses soubresauts réguliers.
Pour ma part, je passe une nuit agitée. Etant claustrophobique, l’exiguïté de la tente me déclenche des crises d’angoisse répétées. Je respire à fond, je médite, je me rendors mais rien n’y fait. Toutes les 20 mins environ, je me réveille paniquée. Je voudrais ouvrir la tente mais le vent souffle fort, il fait un froid polaire à l’extérieur. Je regarde ma petite Gwendoline qui dort à poings fermés. Je l’envie. Je ne suis pas bien. Ma tête me répète inlassablement que je suis trop haut, enfermée, que je dois redescendre. En voilà une idée ! J’imagine la scène: “Bon allez les mecs, c’est pas tout ça, mais je serais mieux dehors et en bas. Je prends mon barda, je m’en vais. Chao bye !”.🤣🤣🤣 Même au plus mal, je trouve le moyen de délirer toute seule dans mon coin. J’essaie tout pour gérer seule mes angoisses, psychologiquement et émotionnellement c’est compliqué. Je sens au fil des heures mon visage enfler, l’altitude ne me réussit décidément pas. Cette fichue nuit n’en finit pas, elle est ultra longue.
4h15: tout le monde debout. Il faut se dépêcher car on est en retard. Nous devons grimper les 300 derniers mètres d’ascension qui mènent du camp au sommet afin d’assister au lever du soleil. On part donc à l’arrache; ce qui m’achève. Je me sentais déjà mal mais là c’est pire. Malgré tout je m’accroche car je ne veux rien rater. Chaque pas me coûte et pour ne rien arranger, je ne vois rien avec ma lampe torche, sa lumière est trop faible car les piles apparemment sont en bout de course. Ceux de devant sont loin, ceux de derrière super à la traine. Je me sens seule au milieu de rien, je galère pour trouver le chemin mais si je m’arrête, j’ai peur de ne plus pouvoir poursuivre. J’arrive là haut à bout de souffle, faible avec un mal de tête carabiné, le visage enflé, une envie de vomir, mes angoisses toujours présentes. Le lever a été trop rapide pour mon petit corps qui avait déjà pas mal souffert toute la nuit. Je fons en larmes tellement j’en bave. 2 autres sont dans le même état que moi. Pour le coup, je me sens moins seule. Au sommet, un vent fort et glacial nous accueille. Décidément, c’est vraiment dur ce matin. Nous nous asseyons et attendons, le froid est tel que nos mains et pieds se refroidissent très vite . Prendre des photos relèvent de l’exploit. Soudain, des lueurs apparaissent. C’est magique ! Les couleurs envahissent le ciel, plus bas, le Fuego accompagne de son continuel spectacle le soleil qui point le bout de son nez. Le silence règne . Chacun est plongé dans la contemplation de ce spectacle unique. Ce que je vois est juste indicible, je n’ai pas assez de mots.
Vient le moment de redescendre au camp . La vue est incroyable. Nous voyons même le lac Atitlan au loin, les autres volcans. Bluffant ! Nous prenons le petit-déjeûner. Comme la veille, c’est vraiment bon. Je me sens mieux. Vient le départ. Notre barda à nouveau sur notre dos, nous attaquons la descente. C’est hyper glissant, une des filles a du tomber une quinzaine de fois. Je suis crispée, accrochée à mon bâton, c’est une vraie patinoire mais on papote, on se marre. Cette fois, c’est notre tour de croiser les groupes qui montent. Nous sommes tout sourire et les encourageons. 3 heures plus tard, apparait enfin le panneau de l’entrée. Rebelote ! des ohhh et des ahhh suivis de checks par les guides. Yes we did it, we did it, we dit it !! Yeah ! comme dirait notre copine Dora. Cette fin d’excursion laisse place à l’accomplissement, la réalisation de soi. Retour au bureau où nous restituons les affaires empruntées tout en buvant une bière offerte par la maison. La discussion bat son plein. Chacun relate son expérience, ses temps forts, ses difficultés, ses sensations. Nous revivons en boucle notre escapade… A présent, il est temps de rentrer. Le retour se fait dans les rires et les échanges. Chacun est déposé à son domicile. Wow ! J’ai encore du mal à réaliser, c’est comme un rêve. Par chance, ma petite famille guatémaltèque m’attend. Carolina me fait une machine à laver, un bon repas durant lequel je raconte. C’est bon après une telle aventure de rentrer comme à la maison.
Je vous présente Bruno et Caro, le fameux couple au regard interrogateur et songeur en me voyant arriver. Durant la montée, nous avons rigolé sur la situation. Ce que j’ai lu dans leur regard était effectivement ce qu’ils ont pensé. On s’est vraiment bien marré en y repensant. Contre toute attente, c’est avec eux que je vais le mieux m’entendre. Ces deux là ont déjà visité 32 pays. En gros, ils travaillent une partie de l’année dans leur agence de transports privatifs, mettent de l’argent de côté et repartent sillonner les confins du monde le reste de l’année. Nous sommes toujours en contact, nous nous écrivons régulièrement.
Notre petit groupe avec 2 guides.
Ceux qui me connaissent vont se dire “oh la la, mais qu’est ce que tu as fait à tes cheveux ?”. la Réponse: “ben justement rien, je suis en mode ras le bol des teintures. Je laisse blanc pour voir ce que ça donne”. A suivre …
J’en ai vécu des moments forts dans ma vie mais celui-là va caracoler en tête pour un lonnnng moment. Tout a été d’une telle intensité.
C’est définitivement une des expériences les plus fortes de ma vie.
Merci Guatemala !
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