Envie d'une lecture au coin du feu ? J'ai la...
Lire l'articleA 1200 m d’altitude, aux confins de la jungle du nord de la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie, se trouve un sentier unique menant les marcheurs vers un site sacré nommé Ciudad Perdida (Cité Perdue).
Ce site, déclaré monument national par le gouvernement colombien, est devenu l’emblème de l’ethno-tourisme en Colombie.
Cette cité ancestrale, construite en l’an 650 après JC peuplait des communautés indigènes, « les Tayronas » jusqu’à la conquête espagnole, qui décima cette communauté. De cette civilisation éteinte subsistent aujourd’hui quelques tribus, tels que les Kogui, Wiwa, Arhuacos et Kankuanos, porteurs de ces connaissances millénaires, qui perpétuent encore aujourd’hui leurs traditions. Ils habitent actuellement en grande harmonie dans la Sierra Nevada de Santa Marta et la protègent. A leurs yeux, la cité perdue est le cœur du monde. En effet, elle est au centre d’un réseau de communication à travers un système de chemins de dalles et de terrasses qui servait de connexion avec les autres cultures autochtones de cette époque, permettant ainsi l’échange des connaissances et de la culture. D’après eux, les ruines archéologiques de cette ancienne cité possèdent une énergie mystique et sacrée, destinée à purifier l’âme et à recharger les énergies vitales propres au renouvellement de notre être.
Un trek de 4 jours vers la Ciudad Perdida d’une cinquantaines de kilomètres qui se révèle assez difficile, non par sa technicité, mais plus par ses spécificités. Les aventuriers doivent se lever aux aurores, marcher une quinzaine de kilomètres par jour sur des terrains montagneux, escarpés, fortement boueux. Ils doivent résister à la chaleur, à un taux d’humidité ambiant très élevé, traverser des rivières, porter des vêtements humides et puants, marcher des heures durant sous une pluie battante, supporter les piqûres d’insectes et j’en passe.
Sachez également qu’il il y a 1200 marches à gravir pour se rendre à l’entrée du site de la Ciudad Perdida.
Est il fait pour tout le monde ? Non, je vous conseille vivement d’être en forme. Nous étions 2 groupes de 10, 5 ont abandonné et ont fini transporté en mules. Ce n’est pas non plus la survie en jungle à la Mike Horn, certains abusent. Pas de machettes pour se frayer un chemin dans la jungle dense, vous suivez simplement un sentier. Les agences m’ont bluffée par les infrastructures établies sur place. Vous dormez dans des lits super confortables avec moustiquaire, vous bénéficiez de vraies douches certes glaciales, de vrais toilettes, vous savourez des repas copieux absolument délicieux. J’ai été vraiment surprise par la qualité des menus. La tranche d’âge allait de 18 à 55 ans. J’en ai d’ailleurs croisé de plus vieux en chemin. Donc c’est faisable si vous êtes de bons randonneurs, avez un mental positif et une volonté d’expérimenter de nouvelles expériences.
Je ne pense pas qu’il soit possible de le faire sans guide.
Wiwa Tours. Pourquoi celle-ci ? Leur réputation est sérieuse mais surtout, C’est la seule agence tenue et gérée par les indigènes. Pour en savoir plus sur cette agence, cliquez ici
Prix: 350 dollars qui comprend:
N’oubliez pas que dans la jungle, il fait chaud et très humide. Vous allez donc transpirer énormément. A contrario, les nuits sont fraiches. Et parfois, il pleut il pleut bergère.
Prévoyez une bouteille de 2 litres d’eau que vous remplirez régulièrement. L’eau est fournie durant tout le trek. Ajoutez de quoi grignoter genre fruits secs, barres de céréales.
En résumé, votre sac à dos pèsera entre 7 et 8 kgs.
Conseil: il y a des bâtons de marche au restaurant à Mamey. Ils sont à disposition gratuitement. Prenez en un ! Il sera votre meilleur ami durant ces 4 jours.
JOUR 1 Santa Marta – Mamey – Camp 1
RV à l’agence à 8h30. Rencontre du groupe et du guide autochtone qui fait une brève présentation. Une heure après, départ en van jusqu’à Mamey. Le trajet dure à peu près 2 heures durant lesquelles chacun papote, fait connaissance avec l’autre. A l’arrivée, nous déjeunons pour prendre des forces et être prêts pour le début du trek. Je me saisis d’un bâton de marche au passage. Je vais clairement en avoir besoin.
Le grand moment est arrivé. Et c’est parti pour Le Meilleur Trek d’Amérique du Sud. Ce 1er jour est surtout une mise en jambes. Nous marchons 7,6 kilomètres à 450 mètres d’altitude. Ça grimpe pas mal mais le chemin est bon, pas de difficulté en particulier. Un couple de colombiens est essoufflé et peine déjà. Je me dis qu’ils vont en baver. Après 4 heures de marche, nous atteignons notre 1er camp, la Cabane Vista Hermosa. C’est un ensemble ouvert avec un sol en dur et un toit en tôle. Le tout abrite des lits superposés alignés en face à face formant ainsi un long couloir. Chaque lit a une moustiquaire. Les consignes sont les femmes en bas et les hommes en haut. Et de surtout vérifier ses chaussures au réveil avant de les enfiler car on pourrait y trouver un serpent ou une araignée. Douches en dures très très froides. Clairement on ne s’attarde pas. Wow ! Il y a même de l’électricité grâce à un groupe électrogène. Le repas est très copieux et vraiment bon. C’est donc avec une grande joie que chacun déguste son assiette tout en discutant et rigolant. L’ambiance est bonne. Le guide nous explique le programme du lendemain. Extinction des feux à 21h. Cette nuit là, nous avons tous été réveillés par le cri assez fort d’un animal. Je me rendors illico. Le lendemain, avec Estelle, on assiste incrédules aux discussions du matin. Certains de notre groupe sont persuadés d’avoir entendu un ours, pour d’autres un cheval. Médusées, nous démarrons la journée mortes de rire précisant à tous qu’il s’agissait simplement d’une vache. Enorme !
JOUR 2 ➡ Camp 1 – Camp 2
Levé 5h. Petit déjeuner au top ! Le guide nous rappelle que nous partons pour une journée de marche d’environ 10 heures. Nous parcourrons 14,7 kms pour atteindre le prochain camp autochtone, la Cabane Paso Lorenzo, situé à une altitude de 830 mètres. Ici dans cette cabane nous serons très proches de la Cité Perdue (Teyuna), Ville sacrée pour les communautés indigènes de la Sierra Nevada.
Départ 6h. Nous attaquons de bonne humeur. Au fil du temps, le groupe s’étale le long du chemin. Les paysages à couper le souffle se succèdent. Je prends d’innombrables photos, c’est incroyablement beau. Nous passons à proximité d’une communauté autochtone les Kogui signifiant “jaguar”, descendants de la culture Tairona. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, je vous en parle un peu plus bas dans l’encart “le saviez-vous ?. C’est magique. Avant d’aller déjeuner, nous allons nous baigner dans la rivière Buritaca. L’eau est fraiche, il fait beau, allongés comme des lézards sur un énorme rocher posé là au milieu de l’eau, nous profitons pleinement de ce moment de détente. Pendant ce temps, nos affaires sèchent en plein soleil pendus à des fils. Après le déjeuner, nous reprenons la route qui s’assombrit de nuages assez menaçants. Après une courte pause fruits, café, nous enfilons d’énormes sacs poubelle pour nous protéger. Il tombe des trombes d’eau. Cette dernière partie est vraiment difficile. Sous une pluie battante, nous nous enfonçons dans une boue épaisse, marchons sur un sol très glissant. Nos pas sont plus lourds et moins assurés. Durant 1h30, nous affrontons les affres de la nature en montant et descendant des pentes abruptes. Soudain, j’aperçois le camp. Ouiiii, quel bonheur ! S’ensuit une douche courte car glaciale. Oui à ce stade, nous avons dépassé le mot froid. Nous nous attablons, chacun raconte ce qu’il a vu dans la journée, se rappelle les moments de franche rigolade. Nous nous rassasions d’un repas toujours aussi bon. Le groupe est en émulsion. Les conversations fusent, les fous rires aussi. Nous passons une super soirée… bien méritée. Notre guide, indigène, nous parle de ‘Teyuna’, la Cité Perdue et sa signification sacrée pour les peuples autochtones de La Sierra Nevada. Il partage avec nous l’histoire et les coutumes des communautés natives. C’est passionnant ! 21h au lit. Habituée aux bruits de la jungle pour y avoir vécu à plusieurs reprises, je dors comme un bébé.
JOUR 3
Levé 4h45. La fatigue se fait sentir. Le corps accuse les efforts de la veille. Je suis toujours aussi motivée. Je dévore mon petit déjeuner, incroyable les calories que j’engloutis. Durant la journée, je me baffre de barres de céréales faites maison que l’on trouve en vente dans les différents camps car il y a toujours une petite boutique adjacente. C’est qu’on l’apprécie aussi notre bière du soir. Bientôt le départ pour cette journée qui s’annonce également musclée. Nous enfilons nos baskets trempées de la veille qui n’ont pas pu sécher dans cette humidité ambiante. Les nuits étant fraiches, celles-ci sont froides. Pas évident de démarrer la journée ainsi mais nous sommes motivés car très proche de la Cité Perdue; c’est l’itinéraire le plus spectaculaire
Départ 5h45. Nous marchons un peu, traversons par groupe de 2 la rivière dans des cages prévues à cet effet. Grisant ! Nous voici au pied des fameuses 1200 marches en pierre, construites par les Indiens Tayronas. La montée est rude car les pierres sont étroites, inégales et parfois de guingois. Je n’ai pas de difficultés particulières. Sportive, mon souffle suit. Mais d’autres souffrent beaucoup, plus encore notre jeune couple colombien. La veille, ils sont arrivés au camp 3 bonnes heures après nous complètement exténués. Elle pleurait, lui la réconfortait. Les pauvres en bavent sérieusement, ils nous font à tous de la peine. Nous arrivons à la 1ère terrasse plongée au milieu de la végétation. Voici qu’apparait cette cité tant convoitée. Je suis émue, pleine d’humilité, pendant que je fais mes premiers pas sur ce lieu sacré. Plein de respect et curieux, nous écoutons attentivement l’histoire racontée par notre guide. Le moment est fort, unique, indicible tant les émotions sont exacerbées. Je me sens bénie des dieux. Je remercie le ciel pour ce que je vis en ce moment même. Pour rien au monde, je ne voudrais être ailleurs. A une altitude de 1200 mètres, nous passons ainsi 3 bonnes heures à grimper les différentes terrasses qui se succèdent sur un kilomètre, apprenant à chacune d’elles son histoire passée. Nous multiplions les photos, je n’ai pas de mots tant c’est prodigieusement beau. Ce sont des pierres uniques et sacrées, des monuments, des paysages panoramiques et bien d’autres secrets que cette ville indigène garde.
Nous rencontrons le fils du shaman qui passe un peu de temps avec nous. Nous repartons, grisés de cette matinée hors du temps. Comblés, nous entamons la descente des 1200 marches qui, de haut, apparaissent comme un véritable défi. Elles sont incroyablement étroites, escarpées et indéniablement glissantes. Là je suis en galère. Plus lente tu meurs car en un coup d’œil, tu comprends vite que si tu te loupes, l’accident va être dramatique. Mes 2 pieds n’étant toujours pas stables suite à mes 2 opérations, c’est donc instable et morte de trouille que je descends à la vitesse d’une tortue. Le guide me voyant en difficulté, me prend par la main et m’aide tout le long à me stabiliser. Un immense merci ! Sans lui, je serai certainement encore entrain de descendre
De Retour au camp Camp Paso Lorenzo, c’est avec joie que nous retrouvons nos affaires qui ont séché toute la matinée en plein soleil.
Départ 14h15, rassasiés, nous entamons le chemin arrière de 9,6 kms (4-5 heures environ) jusqu’à la Cabane Wiwa, autre camp autochtone où nous passerons la nuit. J’arrive plutôt en forme après 4 heures de marche. Je suis contente de moi, je l’avoue. Le reste arrivera dans l’heure suivante. Restent une jeune espagnole et notre couple de colombiens toujours dehors malgré la nuit. Ils arrivent super tard genre 21h. Ils abandonnent et rentreront en mules le lendemain.
Le diner se fait dans une ambiance plus calme, mais aussi plus arrosée coté français. Nous avons droit à une nouvelle veillée explicative. J’apprends d’ailleurs que le nom Uma est le nom de l’arbre dont l’essence sert à se peindre dans les tribus. C’est marrant, c’est mon nom de grand-mère pour mes petites filles, qui signifie “grand-mère” en Sud africain. Une longue histoire que je raconterai dans mes aventures à l’ile Maurice. Pour le moment, revenons à nos moutons. J’écoute les récits de notre guide indigène, mais je suis vannée, je vais me coucher. Mémère est cuite, elle a besoin de recharger ses batteries. D’autant que demain, la journée va être coton.
Jour 4
Levé 5h. Départ 6h. C’est le dernier jour d’aventure dans la Sierra Nevada avec un voyage retour d’environ 12,7 kms, jusqu’à ce que nous atteignons le point où tout a commencé.
Nous attaquons par une montée interminable recouverte d’une boue épaisse. Chaque pas est alourdi par cette mélasse qui s’agglomère aux baskets. Je ne saurai vous dire la distance mais je peux vous assurer qu’elle en a calmé plus d’un de bon matin. La brume environnante, les odeurs de cette jungle humide enivrantes, les rayons du soleil qui percent au travers du feuillage soulagent pour ma part ce moment musclé. Je reste concentrée sur ce qui m’entoure. Je me connecte à cette nature sauvage. Ma tête flotte dans la stratosphère pendant que mon corps pousse sur ses muscles pour grimper d’un rythme régulier cette montée qui se finira bien un jour. Arrive enfin la descente qui s’ouvre sur des paysages déjà vus mais sous un autre angle. Fascinant ! Alternant soleil de plomb, jungle humide, c’est le corps transpirant à grosse goutte que nous poursuivons notre route. Les vêtements collent. Les jambes sont lourdes. Ça monte, ça descend… Je m’isole volontairement du groupe. Cette fois, musique sur les oreilles, je garde mon cap . Jusqu’au bout, je veux apprécier chaque minute de ce trek. Le sourire aux lèvres, le téléphone prenant des multitudes de clichés, je cherche à graver pour le reste de ma vie ces images époustouflantes. Certains profitent des rivières pour un bain rapide, les paysages défilent, les kilomètres avec. A mi chemin, Estelle ne se sent pas bien. Elle s’arrête et ne repartira plus. Triste et amère, elle doit abandonner. Son corps ne suit plus. Il n’ira pas plus loin. Une moto vient la récupérer. Une collation et c’est reparti. A 2 kilomètres de l’arrivée Jean-Luc, un français d’une petite cinquantaine s’arrête à son tour. Il se pose au bord de la route, allume une clope et annonce tranquillement à sa femme, qu’il ne bougera plus mouahaha. Sacré Jean-Luc ! Il a vraiment assuré, je peux vous le dire. Ses genoux n’ont pas résisté. Je sens la fin du trajet arriver et bizarrement, cela me donne un second souffle. Je suis heureuse. Cet environnement décuple mes capacités, mon mental. Il y a un an, j’étais bloquée dans un lit les pieds cassés par la chirurgie. Tous les orteils fracturés, réduits, redressés, fixés. 2 lourdes opérations me laissant alitée à souffrir seule en silence dans un lit, attendant patiemment une guérison certaine. Aujourd’hui, je viens de marcher 50 kilomètres dans une jungle humide et montagneuse. Je ne saurai vous décrire ma fierté, mon niveau de détermination et l’allégresse qui va avec. Je reviens de loin. Rien ni personne ne m’empêchera de réaliser mes rêves. C’est dans cet état d’esprit que je franchis la ligne d’arrivée après 7 heures de marches.
Réfugiés dans les montagnes depuis l'invasion des Caraibes, leur vie à l'écart de tous leur a permis d'échapper à la colonisation et de préserver ainsi leur mode de vie traditionnel. Les Kogis comprennent que la Terre est un être vivant et voient l'humanité comme ses «enfants». Ils disent que nos actions d'exploitation, de dévastation et de pillage des ressources affaiblissent "La Grande Mère" et conduisent à notre destruction. Ils pensent que la civilisation extérieure est constituée des "jeunes frères" qui ont été expulsés du Cœur du monde il y a longtemps. Ils interagissent rarement avec le monde moderne ou avec la civilisation extérieure. Les étrangers ne sont pas autorisés à pénétrer sur leurs terres ancestrales. Dans une tentative désespérée d'empêcher de nouvelles catastrophes et destructions écologiques, les Kogi Mamos ont rompu leur silence et ont permis le tournage d'un documentaire "From the heart of the World" et 20 ans plus tard, d'un autre intitulé "Aluna".
Je retrouve Estelle, rencontrée l’année dernière au Mexique et avec laquelle j’avais baroudé 15 jours. Article Merida Mexique, cliquez ici Elle était rentrée en France et la revoici en Amérique du Sud. Le hasard nous a amené au même moment dans la ville de Santa Marta. Elle me parle du trek. je suis emballée. C’est reparti comme en 14. Génial !
Voici Daniel, le plus jeune du groupe, âgé seulement de 18 ans. Il voyage seul en Amérique du Sud pour gagner en expérience de vie. Il travaille avec son père qui a bâti une société de formation en lignes il y a des années. Fort de son succès, le père et fils exploitent désormais le filon familial. Daniel se considère chanceux mais souhaite réaliser des choses par lui même. Surprenant ce jeune homme ! Il aime rappeler une citation de David Choe “Le confort tue la créativité”. C’est tellement vrai.
Un trek magique ! J’ai pu testé mes limites. Clairement, j’en ai encore sous le pied.
Expérience fascinante qui a marqué indéniablement ma vie.
Merci Colombie !
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