Ses plages immaculées, son eau turquoise, son métissage culturel, son...
Lire l'articleL’Amazonie est une vaste région située en Amérique du Sud couvrant 9 pays et traversée par le fleuve le plus important du monde en débit et le deuxième en longueur, l’Amazone. En plus d’abriter 10% de la biodiversité mondiale, elle héberge le tiers des forêts tropicales humides restantes de la planète et 6 600 kms de rivières sinueuses. .. Autant d’atouts qui justifient l’importance de l’Amazonie pour l’ensemble de la planète. Ce gigantesque territoire accueille 34 millions de personnes vivant encore en grande majorité des services rendus par Dame nature.
Leticia 8h le matin, je fonce à l’aéroport au service immigration pour obtenir mon tampon de sortie de territoire de Colombie. Je repasse à l’hôtel récupérer mes bagages et Rodolpho.
Nous prenons un tuktuk direction un bureau de change. Je transforme tous mes pesos colombiens en reales, monnaie brésilienne. On va au port acheter un billet de bateau de dernière minute, 220 reales l’allée pour Tefé.
Je confie mes bagages à Rodolpho qui s’installe dans la file d’attente. Je fonce avec le tuktuk à la police fédérale de Tabatinga pour obtenir mon tampon d’entrée de territoire au Brésil, obligatoire pour embarquer sur le bateau. Le policier est super sympa, trop fier d’échanger quelques mots en français avec moi. Je remonte de suite dans mon tuktuk qui m’attend gentiment. En chemin, nous nous arrêtons à un magasin où il m’aide à choisir un hamac car je n’y connais rien. J’ajoute une couverture. Le tout me coute 80 reales (15 dollars), c’est vraiment pas cher. Je suis fin prête pour mon baptême de cargo.
Durant le retour vers le port, je vois mon téléphone ajouter soudainement 1 heure à l’horaire. Panique à bord ! C’est quoi ça ? Mon chauffeur fonce. J’arrive au port, Rodolpho se marre dans la file avec l’homme devant lui. Durant mon absence, il a sympathisé avec Will, un colombien. Ma 1ère impression sur lui est vraiment bonne. J’aime ce qu’il se dégage de lui. Je leur explique mon problème d’heure. Nous vérifions. Will a la même heure que moi mais pas Rodolpho. Original dirons- nous 😂 . Tous les 3 embarquons sur le navire, décidés à voyager ensemble. L’aventure s’annonce drôle.
La réserve Mamimaura est un site naturel reconnu comme une zone humide d’importance mondiale. Pour préserver cette nature amazonienne exceptionnelle, le Brésil y a mis en place, il y a quelques années, un programme de développement durable. Couvrant une superficie de 11000 km 2, la réserve abrite de nombreuses espèces de primates tels que le singe écureuil à tete noire, le uakari blanc, le singue hurleur rouge Jurua, le singe araignée, le ouistiti pygmée, le saki. Elle héberge également d’autres espèces de mammifères arboricoles comme le paresseux à gorge brune, le coati sud américain, l’écureuil roux d’Amazonie, le fourmillier à collier. Elle dispose d’une grande diversité d’oiseaux, avec plus de 400 espèces répertoriées, des poissons remarquables comme le tampaki, le piranha et le pirarucu. Mamiraua est également un endroit parfait pour observer les dauphins du fleuve Amazone, les botos et tucuxi. Hormis les jaguars, peu de mammifères terrestres y vivent car la majeure partie du territoire est inondée pendant la saison des pluies. Mamiraua a une population humaine estimée à 6 306 individus, dont les caboclo amazoniens , les Ticuna, les Cambeda et les groupes amérindiens Cocama.
Mes 2 colombiens et moi embarquons. Wow ! Impressionnant le nombre de personnes sur le pont. Nous sommes chanceux car nous arrivons les premiers au 3ème et dernier étage. Nous pouvons choisir notre emplacement facilement. Les hommes installent mon hamac entre eux. Messieurs protègent Madame. C’est mignon et réconfortant j’avoue. La sirène du bateau retentit 3 fois annonçant le départ. Ainsi démarre ma traversée sur l’Amazone, direction Tefé. Cette ville est située près de l”entrée de la réserve Mamiraua, à 2 jours et demi de bateau. Seulement voilà, notre destination va radicalement changer.
A savoir que les billets sur ces cargos incluent la nourriture. A peine installés, le personnel distribue des gobelets avec une sorte de mais cuit dans du lait: la canjica brésilienne. Celle ci est super bonne, ce qui n’est pas toujours le cas. Du coup je me ressers 2 fois. Tout en mangeant, Rodolpho fait connaissance avec son voisin de hamac, péruvien, qui voyage régulièrement dans la région et donc la connait bien. Sur la carte, il nous indique où nous devons descendre: à Fonte Boa. Il nous explique qu’à ce jour, c’est le seul point d’accès à la réserve, celle de Tefé est certes plus proche mais désormais fermée.. Quelle chance de le rencontrer ! Il nous évite une journée de bateau pour rien. Sans quoi, nous aurions dû revenir sur nos pas. Vient la 1ère nuit et là, ça se complique. Chacun y va de sa musique, de ses films, sans écouteurs, durant des heures. Vers 1h du matin, le bateau charge de nouveaux passagers qui lèvent les bâches. Le froid entre sur le pont. Tout le monde se caille jusqu’au petit matin car pas moyens de les rabaisser. J’ai un mal de dos que je traine depuis des semaines, le hamac n’aidant pas, je me réveille fracassée.
J’ouvre les yeux en rêvant d’un massage. Si seulement l’Univers pouvait m’envoyer quelqu’un. Sur ces pensées, moi et mon vieux corps partons en quête d’un café, que je ne pourrai jamais boire. Il est tout simplement imbuvable par la quantité de sucre qu’il contient, soit l’équivalent d’un coca; c’est vous dire. Rien à manger non plus pour moi, juste de la malbouffe qui satisfait visiblement les autres. Pas un fruit ou une céréale à l’horizon. Les toilettes sont dignes d’un bâtiment désaffecté. Une horreur ! Je vous épargne la description de l’odeur. Personne ne tire la chasse d’eau, ça vous donne juste une idée. Dépitée, je repars me coucher. Morose, j’observe la vie autour de moi quand soudain, je vois un gars effectuer un massage de pro à Will, allongé sur le sol non loin de mon hamac. La Providence 😳. Merci l’Univers 😁 Andrés propose ses services pour 30 reales (6 dollars) les 40 mins de massage. Sourire au lèvres, je suis la suivante. Il me replace le dos. Oh merveille ! Nous papotons, en apprenant mes mésaventures alimentaires, il m’offre un régime de petites bananes qu’il trimballe avec lui. Quelle gentillesse ! J’avais des petits cœurs dans les yeux en mangeant mes bananes 😂. Arrive un Afghan, Bilal, qui quémande à son tour son massage. Ses 40 mins s’écoulent en discutant des énergies et de la méditation. Nous enchainons tous les 3, assis par terre, Bilal nous offrant une séance de travail sur les énergies. Ainsi filent les heures au gré des rencontres, des rigolades, des arrêts a différents ports, des paysages qui défilent. Des femmes épluchent des fruits que je ne connais pas. On les nomme Tucuma. Fières, elles me font goûter. Ça ressemble au potiron mais en plus sucré et plus huileux. La vie est un long fleuve tranquille sur ce rafiot qui glisse lentement le long de l’Amazone. Une eau plate aux diverses teintes, que surplombent de part et d’autre des forêts à l’infini d’arbres gigantesques, submergés par l’eau jusqu’à la taille. Quelle expérience ! Emballé par notre projet, Bilal abandonne sa destination Manaus pour se joindre à notre duo, Rodolpho et moi. L’idée de vivre l’aventure pour se rendre à une réserve sans savoir comment le stimule. C’est ainsi qu’un colombien, une française et un afghan débarquent au port de Fonte Boa au beau milieu de la nuit. Will est triste de nous voir partir. D’un coucou du haut du pont, il nous regarde monter dans un taxi organisé par le commandant du bateau. Seul, il doit poursuivre sa route vers Manaus dans l’espoir de retrouver son frère, disparu il y a 3 mois. Histoire digne d’un film. C’est dingue ! Emue, je le regarde s’éloigner repensant déjà à nos moments de rigolade, passés si vite. Je suis ravie de mon périple, avec tout ce qu’il comporte, de bon comme de mauvais.
Négocié à 50 au lieu de 90, le taxi nous emmène dans la ville et nous aide à trouver un hôtel à un prix raisonnable car le 1er demande 80 par personne et par nuit. Le 3ème est le bon: Hôtel Oliveira. Les garçons négocient une chambre pour 2 pour 43 reales chacun. De mon côté je négocie une chambre pour moi seule pour 50. Comme quoi, même sans parler portugais, on arrive très bien à se débrouiller.
Pour réserver Hotel Oliveira cliquez ici
Les tenanciers de l’hôtel sont adorables, très serviables. La cuisine est à disposition des clients, propre et très bien équipée. Il y a un coin salon, une grande salle à manger. Le petit déjeuner est inclus. Le café en self service sans sucre. Bon sang ! Ce que je l’apprécie celui là.
Le proprio nous met en contact avec un Monsieur qui bosse dans l’institut de préservation de la réserve. Le RV est fixé pour le lendemain avec José Maria Garcia. Nous passons la journée à nous balader dans cette petite ville qui, visiblement, ne voit pas souvent des étrangers. Le bruit se répand rapidement qu’il y a une française. Je ne savais pas que l’évocation de ce mot pourrait générer autant d’admiration et de questionnement. Des habitants installés sur le perron de leur maison nous invitent à déguster des fruits que nous ne connaissons pas. Nous leur achetons des bières du coup que nous partageons ensemble. Nous découvrons le marché, les rares restaurants et bars du coin, les paysages alentours. Nos échanges avec les habitants sont riches. Le soir, Bilal se met aux fourneaux et nous concocte un repas aux saveurs afghanes. Le bonheur !
Nous passons la matinée à l’Institut de Développement Durable (Pour plus d’infos cliquez ici )où nous sommes extrêmement bien reçus. José Maria Garcia et les employés sont ravis de partager leurs connaissances sur Mamiraua. Nous aimerions rencontrer les communautés. Avec une grande gentillesse, ils nous organisent au pied levé un séjour de 2 jours 2 nuits, dans des communautés au creux de la réserve, les Caboclos. Quelle chance ! Gracieusement, ils mettent un de leurs bateaux à notre disposition. Ils nous trouvent un chauffeur avec qui nous nous mettons d’accord sur la rémunération. S’ajoutent les frais de gasoil, de nourriture, et quelques cadeaux à amener. Le tour est joué pour un total de 800 reales (160 dollars). Divisé par 3, c’est carrément une aubaine. C’est incroyable comme tout arrive en temps et en heure avec une grande facilité. Un des employés nous amène au restaurant tenu par sa femme. Nous dégustons un excellent ceviche. Le repas est copieux. En dessert, il nous fait découvrir les noix du brésil grillées enrobées de chocolat. A se damner !
Grand jour, nous partons rejoindre la communauté Agua Branca. Durant 2h, nous nous enfoncons un peu plus au creux de l’Amazonie dans la Réserve Mamiraua par le Rio Panoa. La couleur de l’eau change au fur et à mesure que nous progressons. Elle a effet un miroir. Toute la zone est protégée: pas de pollution, pas de plastique, pas de déchets. C’est magnifique ! Soudain, nous apercevons quelques maisons en bord de rives. Les maisons sont bâties sur du bois flottant. Ainsi, elles montent avec la crue. Autre avantage: ils peuvent les déménager à l’aide d’un bateau. Incroyable ! Imaginez que vous puissiez emmener votre maison à un autre endroit si l’envie vous prend de changer de décor. Ca fait rêver !
Nous sommes arrivés. Notre famille d’accueil nous attend et nous reçoit avec une grande gentillesse. La mère Erondina s’empresse de nous faire visiter. Elle m’indique une chambre pour moi et Bilal, le considérant comme mon époux. Dans leur culture, il n’est pas imaginable qu’une femme puisse être seule. Me voilà affublée d’un mari pour les 2 jours à venir, ce qui nous fait bien rire. Moi qui pensais dormir dans mon hamac sur le perron et bien non, je bénéficie du luxe de dormir dans une chambre. Quel confort ! Leur fils Luscais l’a libérée pour nous. Quelle gentillesse ! Ces gens me touchent. Nous faisons connaissance, posons plein de questions. Le père Neison est toujours souriant, adorable. Ils nous disent être honorés de notre présence. Ils ne voient jamais d’étrangers dans cette partie du monde, nous sommes les premiers. Ils vivent vraiment loin de tout. 400 communautés du même type peuplent la réserve, réparties dans les 4 coins. La leur se compose d’une quinzaine de personnes dispatchés sur quelques maisons. Le temps s’égrène entre discussions, détente, balade en barque, baignade. Nous faisons une marche dans la jungle, infestée de moustiques, impossible d’y rester trop longtemps. Bilal s’est fait littéralement massacrer. C’est un sketch à lui tout. Il bouge tout le temps, ne s’arrête jamais, s’incruste chez tous les voisins. Un soir, il arrive sans prévenir chez les voisins d’en face. Je nage pendant ce temps-là l’observant de loin. Il est debout sur une de leurs barques entrain de leur parler quand soudain, je le vois s’enfoncer droit comme un i, le bras en l’air tentant de sauver son téléphone. Il vient, ni plus ni moins, que de couler une de leurs barques. Je suis prise d’une crise de fou rire en pleine nage. Pas moyen de m’arrêter tant la situation est incongrue. Ils arriverons à la récupérer. Ce qu’il est drôle, on ne s’ennuie jamais avec lui. Les repas ponctuent nos journées. J’aide Erondina en cuisine, elle est pleine d’attention et d’une telle douceur. Je l’aime beaucoup. Les repas sont animés tant nous avons de questions. Je ne parle pas portugais mais Rodolpho traduit. Nous goûtons le tambaqui que Neison prépare au barbecue, exquis, sans doute un des meilleurs poissons que j’ai mangé dans ma vie. Nous découvrons les galettes de tapioca, les jus de fruits à base de camu-camu, un fruit acide qu’ils mixent avec de l’eau et du sucre, la confiture de Cupuaçu. L’Amazonie regorge de fruits dont nous ne connaissons pas la majorité.
Le lendemain, nous partons pour la journée visiter la communauté Boca Du Furo, située à 1h30 de bateau. Même accueil. Cette fois, la maison est beaucoup plus grande et plus chic. Je suis bluffée par la grandeur et la beauté intérieure de la maison. Elle bénéficie d’un vrai confort équivalent à l’occident. Je suis médusée. Pas de stress non plus ici: juste le calme de l’eau, les canards, les poules, les fruits autour, les bateaux pour se déplacer. Chacun a son espace, peut s’étaler comme il le souhaite. Il n’y a pas de taxe d’habitation ou foncière. L’eau du fleuve est utilisée pour l’usage courant. L’électricité est obtenu par un générateur placé au loin, donc pas de nuisance sonore. Et comble de l’histoire, il y a même une parabole. C’est la seule chose que j’aurais souhaité ne pas voir là mais bon… La terre entière est polluée par cette fichue télévision. Nous apprenons que durant l’été, soit 4 mois, les habitants n’ont pas le droit de pêcher afin de préserver le pirarucu. Ce poisson est très prisé, ils en vivent tous. En compensation, ils touchent 1000 reales par mois durant cette période. Pour se faire, ils doivent souscrire à une association qui leur coute 5 reales par mois. La traçabilité du pirarucu est faite par un système de poinçonnage au moment du pêchage. Ils les comptent une fois par an, par petite parcelle, et ce en une journée. Explication : le pirarucu remonte à la surface pour respirer toutes les 20 minutes. Ils choisissent une zone, les comptent pendant ce laps de temps et enchainent les parcelles. De jeunes volontaires le font. 1500 poissons sont autorisés par an par pécheur. La mise en place de ce système a commencé il y a 4 ans. Intéressant !
La maitresse de maison nous prépare du Bodo, poisson noir . Je la regarde faire. A table, j’ai une grosse surprise. En pleine Amazonie, je me retrouve à manger sur une nappe aux motifs et aux inscriptions « Cuisine Provençale ». Énorme ! Nous passons un long moment à jouer dans l’eau avec leur petit qui doit avoir 8 ans. Il est rigolo et tellement content d’avoir des étrangers à la maison. Ces personnes nous ouvrent leur porte avec un naturel et une bienveillance. On peut dire que nous sommes gâtés par la vie. Nous avons la chance de vivre une aventure authentique au cœur de l’Amazonie. Parfois, j’ai juste l’impression de rêver.
Les 2 jours passent ainsi, vite et lentement. Ils sont plus qu’enrichissant. Après de vives étreintes, nous reprenons la route en direction de Fonte Boa où nos affaires nous attendent à l’hôtel. Nous décidons de poursuivre le jour même vers Tefé, où nous voudrions tenter d’entrer à nouveau dans la réserve Mamiraua mais par ce côté. C’est donc assise au port, attendant le prochain cargo, écouteurs sur les oreilles, que je revis mes moments dans la réserve en musique.
Sur le bord de la fenêtre, je vois des morceaux de bois trempant dans un bol. Erondina m'explique alors ce qu'est le sangre de drago, une médecine traditionnelle fréquemment utilisée en Amazonie. La résine de Croton lechleri, communément appelée sangre de drago, a une longue histoire d'utilisation médicinale par les peuples autochtones et est largement utilisée au Pérou, en Équateur, et dans bien d'autres pays ... Pendant des siècles, la sève a été utilisée pour couvrir les abrasions, les coupures, les égratignures, les cloques, les morsures et les piqûres pour prévenir les saignements, réduire l'inflammation, sceller les plaies et les blessures, pour se protéger des infections. La sève sèche rapidement formant sur les plaies comme une "seconde peau". Ses vertues antimicrobiennes empêchent toute infection. Les qualités hémostatiques dans la cicatrisation des plaies associées au sangre de grado sont également pertinentes pour les communautés indigènes amazoniennes pour arrêter les grandes quantités de saignements après l'accouchement. Au-delà des affections cutanées, l'utilisation de sangre de grado est prise par voie orale pour les troubles gastro-intestinaux et les irrégularités, notamment la gastrite, les ulcères gastriques, les infections intestinales et l'inflammation.
Une aventure hors normes !
Une Amazonie comme j’en rêvais: authentique, réelle, émouvante. .
Merci aux communautés qui nous ont reçus et à l’institut qui a organisé ce séjour spécialement pour nous !
Prochaine destination: Tefé- Brésil
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