Envie d'une lecture au coin du feu ? J'ai la...
Lire l'articleAvec environ 2,6 millions d’habitants, Manaus est la capitale de l’Etat d’Amazonas. Plantée sur les rives du Rio Negro, la métropole de la jungle affiche une architecture étonnante, héritage d’une richesse passée due à l’extraction de caoutchouc. Son port devenu centre de collecte et de distribution principal pour les zones fluviales de tout le bassin supérieur de l’Amazone lui confère un beau dynamisme. Porte d’entrée de la forêt amazonienne, elle est le point de départ de nombreuses excursions développant ainsi son tourisme.
Que faire à Manaus ?
Port de Tefé, j’arrive à l’embarquement et tout le monde me regarde en criant “passagem, passagem”. Eberluée, je réalise que je dois être le passagem en question. Et pour cause, le cargo haut de 4 étages a relevé sa porte de chargement et est sur le départ. 2 hommes arrivent vers moi en courant, attrapent chacun un de mes bagages et se ruent au bateau en les jetant à bord. La hauteur est d’environ 1,50m. Je cavale derrière bien sûr. Un autre sur le pont me saisit le bras et me soulève pendant qu’un autre en bas me porte. Me voici hisser en 2 secondes top chrono sur le bateau, qui quitte lentement le port. Wow ! Quelle action ! Le cœur battant, je regarde s’éloigner Tefé. Bras en l’air, je salue l’assemblée en bas, sourires aux lèvres, accompagné d’un Muito obrigada. C’est ainsi que démarre ma 3ème traversée en cargo sur l’Amazone; seule cette fois ci. Article Tefe – Amazonie
Je me dirige au comptoir payer mon billet. Nous sommes dimanche, l’arrivée est prévue pour mardi 5h du matin. 2 hommes portent mes bagages au 4ème et dernier étage. Ouf ! J’apprécie l’aide. C’est là qu’il y a le moins de monde, je préfère. J’installe mon hamac comme une grande. J’ai appris comment faire les traversées précédentes. Le voyage se passe tranquillement. Je suis la seule étrangère. Je discute peu, je médite. J’ai prévu mon régime de bananes. Les éternels mêmes repas sont servis midi et soir: riz, spaguetti, haricots rouges et viande. Je mange peu ou presque rien, ça m’écœure. Le temps passe plutôt vite sur mon rafiot qui glisse paisiblement le long du fleuve. J’assiste incrédule à la rencontre des eaux et ce, sur de nombreux kilomètres Je vous en parle plus bas. A la tombée du jour, nous voyons régulièrement les dauphins jouer dans l’eau. Avec le coucher de soleil et la forêt amazonienne en toile de fond, on les voit apparaitre par intermittence sautant, plongeant dans l’eau. Je contemple sereine ce spectacle régulier qu’offre les confins amazoniens. L’arrivée à Manaus se fait à l’heure prévue. Dès réception d’un signal téléphone, je repère sur Booking une chambre libre dans un hôtel bien noté, qui semble peu cher et convenable. Nous amarrons. Il fait encore nuit quand je pose le pied au port de Manaus.
Des taxis sont là sautant sur tout ce qui bouge. Je négocie sévère, toujours sans portugais, car je sais bien qu’ils essaient de m’arnaquer. Je paie 30 au lieu de 100 et croyez moi, c’est encore trop cher. Mon chauffeur galère pour trouver mon hôtel. On est pourtant près mais où se cache t-il ? On demande à un Monsieur qui semble habiter les environs. Effectivement, il réside en face de l’établissement , il suffit juste de lever la tête. Me voilà donc déposée à l’hôtel près à m’accueillir malgré l’heure matinale. D’autant que je n’ai pas réservé.
Fondée par les Portugais en 1669 sur les rives du Rio Negro au cœur de la forêt amazonienne, Manaus est devenue, avec son parc industriel et son port fluvial majeur, la plus importante métropole de la Région Nord du Brésil. De 1890 à 1920, un boom économique régional, basé sur la production de caoutchouc naturel à partir de l'arbre Hevea brasiliensis, apporta la prospérité à la ville. Les bâtiments majestueux, tels que la cathédrale ou l’opéra orné, et la création du commerce portuaire datent de cette période. Manaus a décliné dans les années 1920, lorsque le prix du caoutchouc naturel s'est effondré sur le marché mondial. Bien que son économie se soit quelque peu renforcée pendant la 2ème guerre mondiale, elle n'a pas prospéré de manière significative jusqu'à ce qu'elle soit déclarée zone franche en 1967. Aujourd'hui, Manaus est une zone de commerce extérieur. Les entreprises étrangères n’y paient pas de droits d'importation, garantissant un certain revenu pour la ville et la région. Les industries de Manaus comprennent la brasserie, la construction navale, la fabrication de savon, la production de produits chimiques, la fabrication d' équipements électroniques et le raffinage du pétrole. Les principales exportations de la ville comprennent les équipements électriques, le pétrole, les produits chimiques, les noix du Brésil et une foule de produits forestiers mineurs . Le tourisme est devenu une partie croissante de l'économie. La ville possède un aéroport international, des jardins botaniques et zoologiques, et est un bon point de départ pour toute sorte d’excursions. La ville, qui s’étend sur 11000 kms 2, est traversée par plusieurs canaux latéraux appelés igarapés (« chemins de pirogue »), qui sont enjambés par des ponts et la divisent en compartiments distincts. À Manaus, l'Amazone monte et descend de près de 12 mètres entre les saisons. En mai et juin, il est à son apogée. En novembre et décembre, il est au plus bas dévoilant des bancs de sable. La ville est une des plus orageuses du monde avec plus de 150 jours d'orage par an.
Je ne m’attendais pas à trouver un opéra en plein cœur de la forêt amazonienne, ou plus exactement dans le centre historique de Manaus. Ce magnifique édifice, inspiré de l’Opéra Garnier et datant de 1896, est l’emblème de la ville. Surnommé l‘Opéra de la jungle, il témoigne de la splendeur passée de Manaus. La bourgeoisie de l’époque qui rêvait d’un Paris en Amazonie, a même importé les matériaux d’Europe: marbres de Carrare, pierres du Portugal, tuiles d’Alsace… Quelques tapisseries ornées de jaguars rappellent qu’on est en Amazonie. Il aura fallu 15 ans pour le construire.
Il attire aujourd’hui les plus grands noms de l’Opéra. A noter que le festival d’opéra de Manaus se déroule chaque année de fin avril à début mai durant 3 semaines.
La visite du « grand marché », dénommé ainsi par les locaux, est un incontournable lors d’un séjour à Manaus. Sa multitude de produits régionaux vous promet une immersion dans la culture amazonienne. Situé face au port, on y accède par la rue des Barés, entrée généralement privilégiée des voyageurs ou de l’autre côté, face au fleuve.
Construit pendant la période de l’âge d’or du caoutchouc et inauguré en 1883, le marché Adolfo Lisboa est le deuxième marché du Brésil. Son architecture est inspirée des anciennes Halles de Paris, c’est le style Art Nouveau qui domine: vitraux colorés, motifs floraux, structures en fer.
Ses 3500m² d’espace sont aménagés sous 4 pavillons en fer importés d’Europe:
– Le pavillon central exposant l’artisanat amazonien: céramiques, bols de Tacaca, noix du Brésil, langues de pirarucu, chocolat, café, tableaux, portes clés …
– Le pavillon des tortues, nom datant de l’époque où il était possible de les acheter. Aujourd’hui, ces animaux ont été remplacés par une multitudes de plantes, herbes, huiles aux vertues thérapeutiques… Vous y trouverez toute sorte de produits médicinaux au nom insolite: griffe de chat, herbe de tortue, corne de bœuf. Rhumatisme, inflammation, dépression, chaque mal y trouve son remède.
– Le pavillon de la viande
– Le pavillon du poisson comprenant les différentes espèces présentes dans les fleuves du bassin amazonien et qui se retrouvent dans les mets typiques de la région.: Jaraqui, Pirarucu, Pacu, Tambaqui …
Sur le marché, 2 places sont dédiées à la restauration. Habitants et voyageurs aiment s’y arrêter afin de déguster les spécialités locales : galette de tapioca salée fourrée au tucuma, délicieux jus de fruit, jaraqui frit…
Une curiosité: Manaus se situe aux confluents de deux fleuves : le Rio Negro et le Solimoes, juste avant l’endroit où les eaux de ces fleuves se rencontrent. Ils parcourent 6 kilomètres côte à côte, exposant leur dualité, avant de se transformer en fleuve le plus imposant du monde : l’Amazone. Le phénomène s'expliquerait par leurs différences de densité, vitesse, composition et température causant ainsi un conflit insolite et fascinant. Durant mon trajet en bateau vers Manaus, j'observe émerveillée cette curiosité. C'est l'avantage de voyager de cette façon, vous voyez tout. A Manaus, de nombreuses agences organisent des virées pour observer ce spectacle.
Excursion d’une journée bookée avec l’agence Amazon Brazil Jungle Tours . Prix: négocié à 180 reales (35 dollars) au lieu de 240. Elle se fait sur un hors-bord couvert. Départ du port de Manaus à 9h00.
Au programme: la rencontre des eaux , le parc écologique de Janauari, la visite d’un village indigène, la nage avec les dauphins roses dans le Rio Negro.
Ce sont surtout les dauphins qui m’intéressent. Je considère le reste comme du bonus. J’ai la flemme de parcourir le port en quête d’une lancha pour y aller seule. J’opte pour la simplicité. Mais les journées spéciales tourisme me font souvent peur.
Le parc est intéressant à voir. Des singes courent partout. Ils ont l’habitude d’être en interaction avec les humains, ils s’approchent très près, réclament à manger. C’est mignon comme tout ! Le parc contient des arbres immenses, des nénuphars géants et des caimans.
Le dauphin de rivière rose ne se trouve que dans la région amazonienne. Ces dauphins très intelligents se nourrissent principalement de poissons et de crustacés et vivent en groupes de 15 animaux maximum.
Manaus est l’un des rares endroits de la planète où vous pouvez nager en toute tranquillité avec eux dans leur habitat naturel.
Etant bonne nageuse, ils ont accepté de me laisser nager sans gilet de sauvetage. Ce qui est 10 fois mieux car, malgré une eau très sombre, vous pouvez les voir arriver et passer juste en dessous de vous, vous bousculant parfois légèrement. Impressionnant ! Une employé les attire régulièrement à coup d’appâts dont ils raffolent. Vous avez vraiment l’occasion de les caresser, d’avoir une interaction avec eux. Un moment fort et émouvant pour moi !
Je n’ai pas retenu le nom mais il y en a des tas un peu partout. J’ai un gros doute quant au fait que ces indigènes vivent ici. Ca fait très Dysneyland ! Le piège à touristes. Tout est fait pour vous faire dépenser votre argent. Ils ont même le terminal de paiement pour les cartes bancaires; c’est vous dire. Une peinture sur le visage 5 reales, une photo de vous portant un animal 5 reales, une photo avec l’un d’eux 5 reales …. J’ai un coup de cœur pour le papy avec qui je fais un simple selfie, il ne me demande rien tant il est content que je vienne le voir. Le reste ne fait pas authentique. Les touristes (tous brésiliens) s’amusent, je patience tranquillement.
Chambre double réservée sur place pour 50 au lieu de 70 reales. Salle de bain commune. Cuisine à disposition. L’ensemble est simple mais c’est propre et confortable. Quand on voyage sur des cargos dans des hamacs, tout semble hyper confort après ça. Je m’y sens bien tout de suite. Et puis surtout, je peux me faire à manger 😁.
Un burger en boite. 😳 On n'arrête pas le progrès, dit-on ! Je suis d'abord médusée en voyant cette chose dans les rayons. Puis j'ai une crise de fou rire tant ça me improbable que quelqu'un ait pu avoir l'idée même du concept.
Je vous présente Ney, le voisin rencontré de bon matin pendant que je cherchais mon hôtel avec mon taxi. Heureux d’aider une étrangère à trouver sa route, il s’empressera de m’emmener en voiture faire mes courses et de me faire découvrir une pizzeria dans le coin. Pas mal du tout d’ailleurs !
3 possibilités s’offrent à vous pour effectuer Manaus – Tabatinga en bateau:
Samedi matin, j’embarque sur le bateau comprenant 2 ponts seulement. Celui du bas est réservé aux passagers, celui du haut à l’équipage et au bar. Le bateau est blindé, je n’ai jamais vu ça. Je m’installe tant bien que mal dans un petit espace resté libre jusque là. Quand arrive une famille de 5 qui m’encercle littéralement, chacun suspendant son hamac où il peut; c’est à dire à 2 cms du mien. 3 jours comme ça, ni pensez pas ! Je me sens d’un coup enfermée, emprisonnée, bloquée. En bonne claustrophobe que je suis, me voilà prise d’une crise de panique. Le souffle court, la tête qui tourne, j’embarque mon barda en un temps record. Je grimpe à l’étage en quête d’air pour ne pas dire d’espace vital. Le personnel me bloque l’accès une fois là-haut et insiste pour me renvoyer en bas. Bam, je fais un malaise. Illico, on m’amène de l’eau, de quoi grignoter, on me fait de l’air. Le commandant est appelé et vient discuter avec moi. Il se rend vite compte que je suis dans l’incapacité de me fondre dans la masse agglutinée en bas. Bilan des courses, on m’installe mon hamac et mes affaires dans la zone employés. Et je peux vous dire que ce n’est pas l’espace qui manque à cet endroit. Du haut de mon 2ème étage, où j’ai finalement une place de rêve, j’entame mon retour apaisée.
Hormis cet évènement qui a considérablement améliorer mon confort pour cette traversée, le reste est vraiment déplorable. Je peux vous dire que c’est le pire bateau que j’ai pris durant mon épopée sur l’Amazone. Le moteur est hyper bruyant. Le bar met la musique à fond toute la journée et la télé en même temps. Drôle de concept ! Mais le plus terrible demeure les repas. Toujours le traditionnel riz – spaguetti- haricots rouges en quantité infime et une tonne de viande bas de gamme recouvrant le tout. Je mange très peu de viande en tant normal mais là, elle me donne la nausée. Résultat des courses: je mange l’équivalent d’un bol de riz 2 fois par jour. Je suis affamée. Comme dans les dessins animés, j’imagine une tarte fumante posée sur un rebord de fenêtre. Je rêve de quiche salade ou encore de vin fromage. Je lorgne du coté du bar, ils vendent uniquement des snacks genre chips. J’assiste à une distribution de friandises aux employés. Ouf ! C’est encore plus dure. La vue du chocolat me fait saliver. La nuit, les plafonniers restent allumés et les bâches relevées, il règne un froid de canard. Vive la méditation ! Je peux vous dire que c’est bien ce qui me sauve. Par bonheur, je ferai quelques rencontres qui égayeront un peu cette épopée.
Mardi 21h30 sonne la fin de cette traversée difficile. Vous n’avez pas idée de ma joie en apercevant le port de Tabatinga. Il me reste 22 reales en poche pour rejoindre l’hôtel Chafo à Leticia coté Colombie où je compte faire une surprise à ma petite famille adorée. ( Article Leticia – Amazonie Colombienne) . Les taxis demandent 50, 30 puis vient un gars avec sa vieille voiture. Chacun s’invente chauffeur contre un peu d’argent dans ces contrées, ce qui me va bien. 10 mins plus tard, je suis dans les bras de Natalia, trop surprise de me revoir. Je lui explique que je viens passer la nuit avant de partir pour Puerto Nariño. Après une discussion animée de mes dernières aventures, je dors comme un bébé. Au petit déjeuner, j’ai le droit à un cri de joie accompagné d’un gros câlin par le petit Javier😄 . J’adore ce petit. Quel bonheur !
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