Envie d'une lecture au coin du feu ? J'ai la...
Lire l'articleL’Ayahuasca, souvent appelée ” liane des morts”, ou encore ” liane de l’âme “, est une décoction à base d’écorces d’arbres traditionnellement consommée par un grand nombre de cultures indigènes de l’Amazonie. Elle se présente sous la forme d’un breuvage épais à la saveur âpre. La prise de cette boisson psychotrope s’accompagne de vomissements et ou de diarrhée, elle est pensée comme une purge qui nettoie le corps, le cœur et l’esprit . Depuis des millénaires, l’ayahuasca est traditionnellement utilisé pour la divination, la sorcellerie, la thérapeutique et la purification lors de rituels sacrés.
L’usage traditionnel de la préparation est lié aux échanges avec les esprits de la « surnature», ou monde invisible. Selon certaines tribus indigènes, l’Ayahuasca leur ouvrirait des portes d’une réalité « plus solide » ou « plus complète » que celle que nous laissent entrevoir nos sens à l’ordinaire, leur permettant de communiquer avec les esprits ou les ancêtres. L’idée centrale du chamanisme est d’établir un contact avec le monde surnaturel à travers les expériences extatiques d’un intermédiaire professionnel, le chaman.
La jungle… Le tipi… Lui… Moïku.
Notre connexion était tellement forte. J’avais l’impression qu’il voyait la même chose que moi par moment. Tout allait vite. J’étais projetée dans un train à ultra grande vitesse. J’avais peur. Ces visions. L’intensité. Tout me dépassait. Sa présence, sa douceur, son énergie, son attention, tout en lui me rassurait. Ses mots en Okaina se diffusaient sous le tipi, leur son m’emportant dans le voyage de l’extrême.
La 1ère fois que j’ai entendu parler de l’Ayahuasca, c’était au Mexique. Durant mon séjour à Bacalar (Article ici ), Costa m’avait racontée comment cette expérience avait transformé sa vie, lui avait permis de comprendre qui il était. Il m’avait clairement expliqué qu’il ne fallait en aucun cas chercher l’Ayahuasca, c’est elle qui te trouve. Il me disait: “L’univers guidera tes pas et t’amènera vers elle, si et seulement si, tu es prête. On peut donc passer une vie sans jamais vivre cette expérience”. Au fil de mon parcours, j’ai appris à faire plus confiance à la vie, comprenant qu’elle m’apportera en temps et en heure ce que je suis sensée avoir. C’est un raisonnement basique mais ça fonctionne. Le contact avec les populations indigènes m’ont également aidée à retrouver ma spiritualité perdue. Certaines rencontres ont même renforcé mes croyances. Je crois en quelque chose de plus grand que nous, au fait que nos 5 sens ne perçoivent qu’une infime partie de notre monde. Je me suis débarrassée de vieux fantômes qui me poursuivaient depuis l’enfance. J’ai travaillé la méditation et l’acceptation. Tout ça en gravitant dans des pays où l’énergie est différente de chez nous. Forcément, j’ai changé durant cette année d’aventures en tout genre. Je sens aujourd’hui que l’heure est venue et je comprends déjà que c’est la raison pour laquelle l’univers me pousse à rebrousser chemin depuis Manaus (Article ici).
De retour à Leticia (Article ici ), je discute avec ma petite famille adorée de bon matin. Le mari Javier énumère ce qu’il y a faire dans le coin. Quand la discussion vire sur l’Ayahuasca. Je découvre alors que l’Amazonie est le berceau de cette substance. Pour lui, rien de plus naturel. Il me donne le nom d’une chaman d’un village plus loin, qui pratique depuis des générations ces rituels. Je note le nom mais mon esprit ne visualise pas une femme. Bizarrement, mon instinct me guide vers un homme. Je mets ça de côté et je pars visiter la réserve Tanimboca, qui s’avère décevante. Penaude, je décide de boire un verre avant de rentrer, en voyant cette petite tienda posée là le long de la route. Dégustant ma bière le regard au loin, je fais le bilan de mes mois passés à barouder et je repense à Javier, à ce nom laissé noté dans mon téléphone. Une femme ? Bof ! Je sais, je sens que ce n’est pas elle. Je débats du truc dans ma tête quand raisonne ce message, “vas-y”. Intérieurement, je me dis que je n’ai rien à perdre à aller jeter un œil. Après tout, c’est sur le retour. Je grimpe dans le bus qui me dépose un peu au hasard. Sans internet, c’est Inch Allah Voyage. Je me renseigne alors auprès d’une dame tenant une petite boutique. Elle doit connaitre tout le monde dans le village. Et bien, ce nom ne lui dit rien. Je lui fournis quelques explications du pourquoi du comment. Là, elle reconnait qu’ils ont effectivement un chaman qui soigne les habitants, Moises Criollo. Elle m’indique la direction de sa maison. Je suis là, je n’ai rien à perdre à aller le voir. Je m’égare dans le village. Je toque chez une habitante au hasard, qui adorable comme tout, m’emmène carrément chez lui. Sur le chemin, notre conversation confirme qu’il fait partie d’une famille dans laquelle hommes et femmes sont chamans depuis des générations, perpétuant la tradition. Intéressant ! Arrivées chez lui, elle l’appelle, il apparait sur le perron de sa casa. Au 1er regard, la connexion est établie. Je sais déjà que c’est lui. Nous faisons connaissance, chacun jaugeant l’autre. Après une bonne discussion, il me propose 3 séances. Seulement voilà, c’est la fin de mon voyage, il me reste 6 jours maximum que je peux effectivement passer dans les environs. Il fait le calcul, la 1ère séance doit avoir lieu ce soir, sans quoi on n’aura jamais le temps. C’est ainsi que, sans y être préparée, je me retrouve seule avec lui au milieu de la jungle dans son tipi à commencer ma 1ère cérémonie d’Ayahuasca.
En lisant, certains se diront: et la diète ? Lisez mes aventures au Brésil et vous comprendrez que je suis depuis belle lurette à la diète, et ce bien malgré moi . Moises est un descendant inca, de la tribu des Okainas. Son nom tribal est Moïku. En fait, il est le fils de l’ancienne chaman du village, nom que m’avait donné Javier. Il y a bien longtemps qu’elle ne pratique plus mais ça, il ne savait pas. Assis en tailleur en face à face sur des feuilles de bananiers, qu’il a coupées à la machette en arrivant, il commence le rituel. Il cite quelques paroles en Okaina, brule du Palo Santo, me souffle de la fumée dessus, appelle la protection des dieux. Il verse le breuvage dans un bol en bois, à mi hauteur. Je l’avale, c’est très amer, écœurant. Il fait pareil. Lumières éteintes, plongés dans les bruits de la jungle, il entonne des chants incas secouant des branches de je ne sais quoi faisant le chichichi chichichi que l’on voit dans les reportages à la télé. Ce que je vis est surréaliste. J’ai un peu peur car je n’ai jamais pris de drogues. Tout est nouveau pour moi. Je n’arrive pas à lâcher. Je suis dans le contrôle. Pas facile de casser mes barrières de protection. Cette cérémonie d’ouverture me présente aux dieux. Elle est une introduction à ce monde. Elle lui permet aussi de me jauger, de voir mes réactions aux produits, d’observer mon ego. Il est prudent, il sait ce qu’il fait; ce qui me met en confiance. Les effets sont là quoique assez légers. Pas de vomissements, pas de diarrhée, juste de fortes nausées. Régulièrement, il me demande comment je me sens. Nauséeuse. J’ai surtout mal au ventre. 3 heures vont passer durant lesquelles il entonne régulièrement des chants, souffle de la fumée, fais chichichi avec les branches et allume parfois une bougie. J’aurai quelques visions mais rien d’assez fort pour me faire lâcher prise, me transporter. Bilan: je ne vis rien d’exceptionnel. Je rentre donc le soir en mototaxi sur Leticia, mitigée sur l’expérience. Je cogite pas mal le lendemain. Mon ventre est un peu perturbé mais rien de méchant. Mon corps est sec. Globalement, j’ai peu mangé ces derniers jours. Décidément, je suis toujours à la diète malgré moi.
A nouveau dans le tipi, dans la même position, nous démarrons la séance qui doit durer 4-5 heures. Même cérémonial, mais cette fois nous buvons chacun un bol plein à ras bord. 30 minutes se passent, les effets sont là, plus forts mais c’est gérable. Il me dit que je suis résistante et endurante. Nous buvons à nouveau la moitié d’un bol chacun. Au total, nous aurons pris presque 3 fois la dose si on compare avec l’autre fois. Autant vous dire que le scénario va radicalement changer. Des vagues m’emportent dans un monde que je n’aurais jamais imaginé. Tout va hyper vite, j’ai l’impression d’être dans une fusée, les images s’enchainent à une telle vitesse, c’est du délire. Je me retrouve plongée dans une immense salle qui ressemble à un casino, entièrement recouverte de nazars (amulette de protection turc). Une myriades d’amulettes tapissent absolument chaque élément, les tables, les machines, le sol, le plafond. Je m’envole vers l’espace dans un immense couloir situé entre 2 planètes, créant de part et d’autre un effet miroir. Une voix féminine me dit « Tout est lié ». Les mondes sont nombreux et reliés entre eux tels des boules sur un chapelet. Par moment, ils se superposent, dans des espaces temps différents. Entre les mondes, encore et toujours ce couloir noir qui crée un effet miroir.
Je regarde un bas, j’entends « le monde est en dessous ». Assise sur le sol, je perçois un gouffre, comme un immense trou noir, qui mène à un monde en dessous du nôtre. S’enchainent à la suite de nombreuses pyramides dont celles d’Egypte, le Sphynx, un phénix s’envole, un jaguar court … Des indiens arrivent en bateau. Celui-ci ressemble énormément à un drakar dont le mât de beaupré, en forme de feuille de sorbier incurvée, remonte aussi haut que la voile. C’est très étrange. Je ne saurais dire si ce bateau flotte dans les air ou dans l’eau. Les images défilent, beaucoup de signes, de symboles, toutes sortes de croix s’empilent les unes sur les autres. Tout tourne, l’effet miroir, un monde où le plafond est bas. J’ai des moments d’accalmie où j’essaie de reprendre mon souffle, je redescends sur terre. Je suis consciente, je sens chaque parcelle de mon corps, les bruits sont intensifiés. Parfois, Moises allume une bougie, la lumière est trop forte, je ne la supporte pas. Je suis obligée de couvrir mes yeux. Puis il chante à nouveau et là, je comprends que ces sons provoquent les vagues qui m’emportent. C’est comme des montagnes russes, il faut attacher sa ceinture. Je perds la notion du temps mais je sais bien que je suis là depuis des heures, assise en tailleur, sans bouger, je suis là et pas là. Mon cœur s’accélère, j’ai le souffle court. Inlassablement, il me demande si je veux vomir ou autre chose. Lui va aux toilettes régulièrement alors que moi, je reste là immobile sans me vider. J’en bave, les vagues me terrassent véritablement mais je me répète en boucle “accepte”. Donc j’accepte la douleur. Face à face, près l’un de l’autre, je sens son énergie augmenter. Lui aussi fait le voyage avec moi. Notre connexion est telle que j’ai l’impression qu’on voit la même chose, qu’on assiste aux mêmes scènes. Je colle mon front contre le sien, je veux qu’il voit ce que je vois. Les dieux sont là, deux beaux indigènes aux traits réguliers. Je suis minuscule, eux si grands. Leur bonté, leur force, leur lumière sont telles qu’elles en deviennent insoutenables. Je me fonds dans un océan d’amour, plus que mon cœur ne pourrait en donner ou en recevoir. Il déborde, j’ai la sensation qu’il va exploser. L’intensité est telle que je n’ai pas assez de mots pour la décrire. Mes émotions sont à leur paroxysme. Moises me dit au même moment : les dieux sont avec nous. Nous voyons bien la même chose. Je ne saurai dire la beauté du moment. Puis je me retrouve en bas d’immenses constructions faites d’engrenages. Chaque élément est imbriqué dans l’autre de façon ingénieuse. J’entends les clics et les clacs des rouages comme une horloge. Je longe les structures tel un félin capable de les grimper. Le bruit de ces mécanismes demeure en toile de fond, assourdissant. Un bruit métallique comme un tempo régulier. Je vois notre monde posée sur une immense horloge. Le temps, encore et toujours, là, présent partout. Autre message « le cœur se regénère ». Nous avons la capacité de réparer nos cellules, surtout notre cœur. Des serrures apparaissent régulièrement, souvent au centre de livres. Le monde repose sur une gigantesque clé. Une myriade de couleurs vives comme celles d’un paon. Des formes : d’innombrables ronds. Tout tourne et tout le temps : les motifs, les objets, les formes. J’ai la nausée. Mon énergie augmente, je la sens grandir autour de moi, elle vibre dans mes avant bras et mes jambes. Elle envahit mon corps, se déploie dans le tipi. Mon cœur s’accélère, j’atteins le point où je sens que mon cerveau va griller. La vitesse est insoutenable. Je ne peux plus respirer. Moises s’empare d’une bouteille d’eau et la déverse sur ma tête. Effet immédiat, mon énergie baisse et redevient supportable. Il m’allonge sur le sol. Mon voyage reprend. Je suis au pied des pyramides d’Egypte, leurs pointes sont recouvertes d’or, je me retrouve soudain à décoller de l’une d’elles, projetée dans un couloir empli de lumière vers un autre monde. Durant des heures, je passe d’une vision à une autre: des triangles, des étoiles, des aigles, serpents, jaguars, oiseaux. Et toujours ce même bruit de fond métallique, d’engrenages perpétuellement en mouvement formant de nouvelles structures. La statue de la liberté, je suis à la hauteur de son visage et ce message “elle nous regarde”. Ce sont des images successives diffusées en mode accéléré. J’en bave sérieusement. Ça s’accélère encore, tout tourne, s’intensifie, les bruits, les couleurs, les images, le temps, et cet effet miroir présent partout, comme si, en toute chose, il y avait l’envers du décor. Encore et encore … Puis, soudain … Plus rien… Le calme … Le silence… Je flotte au dessus d’un fleuve, empli d’un liquide vert comme peint à la main. La paix… La sérénité … Le bien être. Je suis comme suspendue dans les airs au dessus de ce qui semble être un fleuve, d’un vert émeraude étrange. Je contemple la scène curieuse, tout est si paisible. Je flotte littéralement. Quand apparait un serpent. Il ondule remontant le cours d’eau. Je l’entends alors réciter, dans une langue arabe, quelque chose ressemblant à une incantation. En mode fourche langue, il répète cette même phrase. Je prends le relais, je connais cette phrase. J’entends alors ma propre voix réciter des paroles en arabe. Je sens dans ma gorge les sons se former à différents endroits de celle ci. Je sais exactement comment prononcer ces mots. Je sors toute une litanie de cette façon pendant que j’ondule, remontant ainsi un édifice en forme de cône pointu. J’ai fusionné avec le serpent, je suis lui. J’arrive en haut, lumière blanche, je m’entends dire, “ça y est” ! Me voilà à nouveau sur le sol, haletante, faible, en souffrance mais bien là. Je suis glaciale. Je touche mon front, il est gelé. Moises n’est pas là, sans doute parti se vider. A son retour, je l’informe de mon besoin d’aller uriner. Il m’aide à marcher. Mes pas sont saccadés, je ne contrôle rien, j’ai des spasmes dans tout le corps. Je m’éloigne un peu, il fait le guet. Le temps de me rhabiller et me voilà en train de vomir à triple boyaux. Il se rapproche, me tient la main et les cheveux. Il est d’une telle douceur. Vient la 2ème crise, mon cerveau va disjoncter. Il part chercher de l’eau et une fois encore, me la verse sur la tête. Je suis trempée, il fait frais, je tiens à peine debout. Clairement, je ramasse mes dents. On s’assoit dehors, la nature nous entoure mais le décor a changé. On est comme sous un dôme recouvert d’un même motif du sol au plafond, des triangles de différentes couleurs, jaune, vert et marron. On dirait un globe de protection. Je suis consciente, assise à observer autour de moi ce phénomène étonnant. Je sens des tressaillements dans mon visage. Je ne peux rien contrôler. Je n’ai plus peur mais je souffre, c’est dur, les visions continuent. Mon dieu, ce que je suis mal. J’ai froid, nous rentrons dans le tipi. Nous nous allongeons à nouveau, les vagues m’emportent. Je suis au pied d’un arbre immense, entièrement blanc, lumineux. Magnifique ! Grandiose ! Ces racines sont gigantesques, l’arbre grimpe jusqu’au ciel. Je le reconnais; c’est l’arbre de la vie. Je me fais piquer par quelque chose, je reviens sur terre. J’ai mal. Je m’assois, je tiens ma jambe. Moises contrôle avec sa lampe. Rien de grave mais j’en peux plus. Mon nez est complètement bouché, j’arrive pas à respirer. J’ai mal partout. Je suffoque. Je fonds en larmes, je suis à bout. J’endure un marathon. Je suis littéralement terrassée. Je prie pour que cela s’arrête. Je me rallonge, il me serre contre lui. Il s’approche de mon oreille et susurre en inca. Il me protège, chasse les mauvais esprits. Régulièrement, il murmure en okaina au dessus de moi. Il veille. Je remercie le ciel d’être tombée sur lui pour vivre une telle expérience. Je m’accroche à lui tant que je peux. Costa m’avait décrit la dureté de l’expérience; c’est encore en dessous de la réalité. Le temps passe. Finalement, les choses se calment. Tout doucement, je reprends possession de mes moyens. Je me stabilise. Assis tous deux en tailleur, il clôture la cérémonie. 8 heures que nous sommes là, 8 heures d’endurance, de souffrance, de voyage en tout genre. Je suis lessivée. Mon cadavre quitte les lieux.
Nous repartons vers le village, je marche à peine. Je suis très faible. Il m’aide à avancer. Je vomis encore. Nous allons chez sa mère dont la maison est à l’entrée du village. Il y a un cabanon en bois dans son jardin avec un hamac. Il m’installe là pour le reste de la nuit. Il me couvre, allume une bougie, s’assoit et veille. Il touche mon front, il est gelé tout comme moi d’ailleurs. Je suis vidée, épuisée, et encore sous le choc de ce que je viens de traverser. Je vais mettre du temps à le digérer, un long process m’attend. Mais pour l’heure, je dois me reposer. Affalée dans mon hamac, je peux à peine bouger. Le temps passe, mon état se stabilise. Moises part finalement dormir. Il me laisse une bougie allumée, elle me réconforte. Je revois en boucle ce que je viens de vivre. Très honnêtement, je pense être morte cette nuit là. Sans doute un court instant et je suis revenue. Je suis passée de l’autre coté mais le serpent m’a ramenée; ce n’était pas mon heure. Je m’endors enfin, juste quelques heures. Au petit matin, je me lève et décide de rentrer sur Leticia. Je rêve d’une douche, d’un lit, d’un chez moi, j’en ai vraiment besoin. Je rentre à l’hôtel Chafo, dans ma petite famille. Natalia était inquiète et s’empresse de prendre de mes nouvelles pendant qu’on boit notre café. Je lui raconte. J’ai l’air d’une revenante. Je passerai la journée à manger, dormir et méditer. Je prends des notes de cette expérience hallucinante car je ne veux pas oublier.
Cérémonie de clôture. Même chemin, même tipi, même protocole. Nous prenons une dose comme la 1ère fois, légère. On pourrait penser que ça va être une balade de santé en comparaison avec la dernière fois. Et bien pas du tout !!! Autre jour, autre ambiance. Les énergies sont négatives cette fois. Tout est froid. Pas de dieux pour nous protéger. Les images sont plus sombres, plus noires, plus glauques. Des personnages malveillants apparaissent, des insectes rampants, ça grouille. J’ai l’impression d’être embarquée aux portes de l’enfer, on frôle le film d’horreur. Les mauvais esprits sont là, je les sens tourner autour de nous. Pétard! J’en mène pas large. J’ai super peur. Du coup, je focalise au maximum sur des images positives. La quantité d’Ayahuasca ingérée aujourd’hui est suffisamment faible pour que je puisse garder le contrôle. L’univers veut me montrer l’autre face de la médaille, l’envers du décor. Oui ben je n’ai pas envie ! Alors je me concentre. Dès que des visions noires réapparaissent, je me répète en boucle des choses que j’aime. Moises me guide. L’important est de rester calme. Vivement que la séance s’arrête. 3 heures passent, fin du rituel. Ça y est ! J’ai fait le tour de la question. Une libération ! J’ai vu, je sais, Ciao bye ! C’est le dernier au revoir avec Moises. J’ai du mal à intégrer le fait que c’est la fin de mon aventure. Je parcours pour la dernière fois ce tronçon de route, pleine d’émotions, émerveillée et perturbée. Bientôt l’Europe.
Plusieurs spécialistes indigènes affirment qu’il faut de longues années de pratique, jusqu’à 25 ou 30 ans, pour atteindre une vraie maîtrise de l’ayahuasca et pour être à même de l’administrer dans de bonnes conditions. Les bons ayahuasqueros sont donc rares.
Il existe un tourisme lié à l’ayahuasca qui s’est grandement développé ces 50 dernières années. Des agences de voyages organisent des visites de communautés indigènes incluant des pseudo-expériences de chamanisme avec consommation d'ayahuasca sans aucune diète préalable. Avec l'émergence de ce tourisme de masse, avide de nouvelles sensations et de développement personnel sont apparus des chamans travaillant à leur compte et qui, moyennant paiement, offrent une cérémonie folklorique destinée à satisfaire la curiosité du client.
Mon conseil. si vous souffrez de trauma, l'ayahuasca ne vous aidera pas, bien au contraire. Ma dernière séance m'a montré qu'on pouvait vite partir dans un délire cauchemardesque au point de vous traumatiser à vie. A bon entendeur !
Une aventure hors normes !
Il est dit que durant une vraie séance d’Ayahuasca, l’on meurt et l’on renait.
Pour ma part, je dirais que c’est vrai. Une expérience comme il est rare d’en vivre une, celle qui vous change à jamais.
13 mois que je baroude à divers endroits du globe, j’ai beaucoup appris, j’ai guéri de mes vieux démons, je me suis révélée. Je termine le bal par une des expériences les plus folles existant sur cette planète. Je remercie l’Univers, pour ne pas dire les dieux, pour tout ce qu’il m’a apportée. Je quitte l’Amazonie pleine d’humilité, heureuse et émue, le cœur chargé, mais aussi déboussolée, amaigrie et surtout épuisée.
Je m’envole vers mon sas de décompression: Madrid (Article ici) où réside ma meilleure amie. J’ai besoin de sa tendresse, de son sourire, de son cocon pour m’acclimater à l’occident. Je resterai 10 jours chez elle le temps de gagner du poids et de remplir ma jauge d’énergie. Je suis fin prête pour revoir ma famille. Je me rends donc en France profiter de mes enfants (mon Dieu ce qu’ils m’ont manqués 🥰), de mes petites filles (mes 2 beautés blondes aux yeux bleues adorées😍 ), ma mère et mes amis. Je passe ainsi le mois de mai à faire le plein d’amour avant de m’envoyer vers l’Angleterre, pays où j’ai vécu 2 ans et demi et où sont stockées les quelques affaires que j’ai gardées de ma vie passée. Pays d’où a commencé mon aventure avec mes 2 fameux bagages. Je vous raconterai l’ile Maurice une autre fois. Pour l’heure, je rentre afin de régler tout ça. Balle neuve. Repos. Blog à mettre à jour. Livre à finir. Puis on avisera. Mais là encore, afin de répondre à mes besoins, je mets en place un nouveau mode de vie. Devinez lequel ?
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One Comment
Emmanuel
Such an incredible story for an incredible woman who lives an incredible life 😃